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Pap Ndiaye et l'avenir de l'agrégation

Pap Ndiaye et l'avenir de l'agrégation - SNCL

Alors que des signaux persistants laissent à penser que les concours et le corps des agrégés pourraient être remis en question, le SNCL était reçu au ministère et lui a demandé de préciser ses intentions...

Des menaces de longue date

Depuis des dizaines d'années, des rumeurs circulent sur l'éventuelle suppression de l'agrégation, récemment réactivées par le corps de l'inspection générale qui, l'été dernier, a convié des responsables syndicaux pour une table ronde à l'intitulé curieux : "l'avenir de l'agrégation". L'agrégation n'aurait-elle pas d'avenir ? Une question qui, du simple fait d'être posée, laisse craindre le pire, particulièrement après les déclarations du président de la République à propos d'un nouveau "pacte enseignant" qui devrait voir le jour d'ici 2027. La Cour des comptes avait à son tour ajouté au trouble en pointant du doigt le "sous-emploi" des professeurs agrégés affectés en collège.

 

Le SNCL demande au ministère de clarifier ses intentions

C'est dans ce contexte que le SNCL et ses alliés le SIES (Syndicat Indépendant de l'Enseignement Secondaire) et le SAGES (Syndicat des AGrégés de l'Enseignement Supérieur) ont été reçus au ministère de l'Éducation nationale le 28 septembre dernier. Ils ont attiré l'attention de l'administration sur les nombreuses difficultés que rencontrent les professeurs agrégés : refus de plus en plus nombreux de leurs demandes de détachement pour effectuer des missions vers le supérieur, refus croissant également de leurs demandes de congé professionnel pour préparer une thèse ou de cumul d'activité pour occuper des vacations à l'université. Les postes sec/sup et PRAG se raréfient tandis que les personnels PRAG sont de moins en moins nombreux à intervenir sur les cycles de licence (où on leur préfère désormais les contractuels) et subissent des préjudices de traitement flagrants (non-accès aux primes, lourdeurs administratives et de service...). Une situation d'autant plus grave quand on sait que les professeurs agrégés ont été exclus de presque toutes les revalorisations salariales récentes, sur le motif qu'ils gagnent déjà suffisamment... Le SNCL a rappelé que tous les professeurs méritent des perspectives de carrière dignes de ce nom et exprimé sa volonté ferme que, cette fois-ci, les agrégés ne soient pas une fois de plus les oubliés du système de revalorisation à venir.

 

"Personne ne veut de mal, loin s'en faut, aux personnels agrégés"

Le ministère a ainsi répondu en soulignant le "rôle important que joue l'agrégation dans l'attractivité des métiers", et sa volonté de préserver cet "attrait" tout particulièrement en ces temps difficiles de recrutement. Il a reconnu qu'en termes de revalorisation, des "signaux sont à donner de façon graduée à tous". Il a toutefois contesté que ces personnels aient été négligés financièrement, invoquant la création de la classe exceptionnelle.  Le SNCL refuse catégoriquement cette analyse : une possible promotion vers un échelon exceptionnel ne constitue pas une revalorisation. D'abord parce qu'elle reste une potentialité qui, dans les faits, concerne peu d'agents. Ensuite parce qu'un effet de bouchon est en train de se constituer sur la classe exceptionnelle, dont les futures promotions à l'entrée seront bientôt conditionnées au nombre de sortants. Enfin et surtout parce que le fait de bénéficier d'une rémunération évolutive tout au long de la carrière est un droit et une contrepartie légitime à l'engagement dans le fonctionnariat, pas une manière de mieux payer le travail effectué.

 

Une revalorisation, mais avec contrepartie ?

Le ministère n'a cependant pas nié son ambition de repenser les missions des enseignants et, au-delà du nouveau pacte et de la revalorisation à venir, de se pencher sur le sort des agrégés, notamment pour s'en servir de point d'appui pour le déploiement de sa philosophie du "BAC-3/BAC+3" : un projet de continuum lycée - cycle de licence dans lequel les professeurs agrégés pourraient être appelés à jouer un rôle central. Une perspective dont on pourrait espérer un déblocage quant à l'accès aux carrières du supérieur, mais au prix de quelles nouvelles obligations ? Le ministère n'a pas souhaité révéler les détails mais il est certain que le projet se développera sous peu en parallèle des négociations à venir. 

 

Des négociations qui mélangent les genres

Si la disparition du corps des agrégés et de ses concours de recrutement ne semble plus à l'ordre du jour, des modifications statutaires sont bel et bien planifiées et s'articuleront avec le nouveau pacte enseignant annoncé par le président de la République. Les négociations sur la revalorisation inconditionnelle promise seront menées dans le même calendrier, dans un mélange des genres qui brouillera probablement à dessein la lisibilité de la réforme. Le SNCL se battra pour défendre les intérêts des personnels agrégés et faire connaitre clairement les enjeux de ces innovations. Il veillera surtout à ce que les professeurs agrégés ne soient pas une fois de plus les perdants de l'affaire, qu'ils soient en début, milieu ou fin de carrière.