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Contractuels : des engagements en dessous des besoins

Contractuels : des engagements en dessous des besoins - SNCL

La rentrée 2022 restera longtemps en mémoire comme celle du plus grand gâchis fait par l'éducation nationale en matière de gestion de ses personnels non-titulaires... Tour d'horizon.

Contractuels : six semaines après la rentrée, des engagements en dessous des besoins

 

Les 4500 engagements de contractuels réalisés par le ministère de l’Education nationale depuis le 1er septembre (dont 2000 en Île-de-France) et portant le total national de professeurs contractuels à 35 000, n’y auront pas suffi : partout des milliers de postes ou de BMP restent vacants, et les rectorats peinent à y affecter des enseignants, soit faute de candidats, soit à cause d’une lenteur administrative incroyable à répondre aux besoins. Le premier degré est particulièrement affecté. Par ailleurs, ce sont déjà 8332 heures non assurées qui ont été enregistrées au collège et au lycée sur le premier trimestre par un syndicat de parents d’élèves via un site internet où les parents peuvent signaler les absences constatées dans les établissements de leurs enfants.

Cette démarche n’est pas anodine et révèle une tendance qui se renforce chez les parents d’élèves à prendre les devants et à dénoncer les manquements de l’éducation nationale, y compris devant la justice. On constate ainsi qu’une saisie du défenseur des droits sur cinq ayant trait à l’école est relative à une dénonciation d’absence du personnel. Le mois dernier, un collectif de parents a également déposé pas moins de 127 requêtes devant plusieurs rectorats de France en réclamant des dommages et intérêts pour les heures perdues par les élèves. L’année passée, le pire constat a été établi pour une classe de collège de Seine-Saint-Denis qui, en cumulant l’ensemble des absences d’enseignants subies sur l’année scolaire, a ainsi été privée du tiers des enseignements obligatoires…

 

Un professeur devant chaque classe, vraiment ?

 

Force est donc de constater que la promesse du ministre n’a pas été tenue. Cet échec aurait pourtant été en grande partie évitable si les rectorats n’avaient pas, en mai dernier, distribué à tour de bras les non-renouvellements de contrat des personnels non-titulaires ! Très sûr de lui, l’ex-ministre comptait en effet sur la mise au travail à temps plein des stagiaires et sur l’imposition de deux heures supplémentaires à tous les titulaires pour pouvoir faire des économies et se priver de milliers de contractuels, notamment dans les académies de Créteil ou de Versailles ou des centaines d’agents expérimentés ont été brutalement congédiés ou pire : ont simplement déduit d’eux-mêmes qu’ils n’étaient pas renouvelés, faute d’avoir reçu ne serait-ce qu’un courrier officiel…

Les rectorats ne sont plus à une entorse règlementaire près, mais à l’arrivée ce sont toujours les contractuels ou les élèves qui trinquent : car évidemment la plupart des agents congédiés avant juin  n’ont pas docilement patienté au chômage jusqu’en septembre pour voir si leur rectorat leur ferait finalement l’aumône d’un CDD. La majorité d’entre eux sont, avec raison, allés trouver du travail ailleurs, dans le secteur privé voire vers d’autres champs professionnels.

 

Toujours plus loin dans l’absurde

 

L’incurie administrative des rectorats n’a cependant pas de limite, et c’est un autre phénomène aberrant qui a marqué cette rentrée : d’un côté des élèves de collège et de lycée sans professeur de mathématiques, et de l’autre de très nombreux professeurs contractuels de mathématiques recrutés et CDIsés, mais restés sans affectation pendant deux voire trois semaines après la rentrée !

C’est la conjonction de plusieurs facteurs qui a mené à cette absurdité. D’abord le coup médiatique précipité organisé par Pap Ndyaye avant les congés d’été et promettant le retour des mathématiques pour tous les lycéens dès la rentrée suivante. Pour faire face à ce besoin de dernière minute, les rectorats reçoivent consigne d’épargner les contractuels de mathématiques lors des coupes sombres de juin. Toutefois, rapidement chacun se rend compte que ce retour conditionné n’attire pas les foules et se heurte à de nombreux problèmes techniques.  Les contractuels restent sans nouvelle de leur affectation et les rectorats, de leur côté, ne se préoccupent pas des autres besoins potentiels (congé maternité, départ retraite, BMP vacants et autres) avant au plus tôt la fin de la première semaine de septembre. Ce n’est qu’à ce moment-là que, au compte-gouttes, les collègues sont finalement affectés : et ce sont déjà des centaines d’heures de cours de perdues…

 

Une solution selon le ministère : la flexibilité

 

Dans ce contexte, certains rectorats sortent maintenant leur nouvelle arme : un nouveau type de contrat « façon TZR » (Titulaires sur Zone de Remplacement), mais pour les contractuels ! Ce contrat particulièrement pernicieux ne précise pas de lieu de travail précis pour l’agent non-titulaire, mais lui désigne un point de rattachement et un rayon d’action, d’ailleurs variable d’une académie à l’autre (parfois exprimé en kilomètres, parfois en temps de trajet). Ces contrats sous-entendent que l’agent devrait pouvoir répondre au pied levé à tout besoin d’enseignement dans le périmètre indiqué, mais évidemment avec un coût bien moindre que les TZR, puisqu’il ne pourra jamais prétendre aux indemnités ou frais de déplacement de ces derniers. Certains agents, habitués à ne recevoir leurs contrats que quelques jours après leur prise de poste effective, se retrouvent d’ailleurs déjà en train d’enseigner lorsqu’ils reçoivent entre les mains un contrat de ce type… la malhonnêteté de l’administration n’a plus de limite.

 

Pour le SNCL, les personnels contractuels ont plus que jamais besoin d’être défendus

 

Le SNCL réfute la légalité de ces nouveaux contrats et a entrepris des démarches devant la justice pour être entendu. De même, nous dénonçons le non-respect par les rectorats des délais règlementaires d’information de renouvellement ou non-renouvellement de contrat. Nous nous engageons aussi pour obtenir l’attribution aux personnels contractuels des primes et indemnités reçues par les agents titulaires effectuant un travail semblable au leur, en accord avec le droit européen, et nous nous assurerons qu’ils auront leur juste part dans le plan de revalorisation annoncé par le gouvernement.