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Le Choc des savoirs au Lycée : quelles conséquences ?

Le Choc des savoirs au Lycée : quelles conséquences ? - SNCL

Plusieurs mesures du "Choc des savoirs" concernent aussi le lycée. Le SNCL a fait le point pour vous sur leurs différents enjeux, entre sursauts salutaires et simples effets d'annonces.  

Il aura fallu attendre des décennies de déni, d'abaissement des exigences, de laisser-aller et d'aveuglement pour qu'une prise de conscience arrive enfin !

 

D'aucuns osaient déjà, dès les années 2000, dénoncer la situation de sape de l'Education nationale à travers le « pas de vagues » et la cécité volontaire de l'Institution face à la montée de la violence et l'abaissement du niveau, mais les modes pédagogiques de tous ordres et les réformes successives allaient être la solution, nous disait-on ! Rien n'y fit ! Les acteurs de terrain ont eu beau crier, hurler leur désarroi, l'Institution est restée sourde et a poursuivi son travail de destruction massive !

 

Il aura fallu attendre les résultats PISA pour découvrir le niveau épouvantable de nos élèves français, mais qui ont-ils surpris ? Après des décennies de perte d'autorité et de clientélisme, comment pouvait-on être étonné à moins d'être sourd et aveugle ?

 

Il était temps que le bon sens fasse son retour, mais n'est-il pas déjà trop tard ?

Rares sont les professeurs qui ont tenu bon, qui ont continué à assurer leur mission en leur âme et conscience sans la crainte des parents ou des pressions de tous ordres.

Rares sont ceux qui n'ont pas cédé au dogmatisme et aux modes pédagogiques tant les injonctions ont été grandes.

 

La prise de conscience, oui, mais il aura fallu attendre que des professeurs soient menacés, attaqués verbalement et physiquement, assassinés pour avoir exercé leur mission ! Fallait-il attendre ?

 

Les tâches demandées aux professeurs se sont faites de plus en plus nombreuses au risque de perdre de vue leur mission principale : la transmission des savoirs, qui est devenue au fil des ans accessoire...

 

Le retour de l'autorité du professeur et le soutien de l'Institution semblent être les toutes premières nécessités au rétablissement d'un niveau de connaissance chez nos élèves. Ce n'est qu'en recentrant le rôle du professeur sur sa mission d'enseignement au détriment de l'accessoire et de l'éphémère que nous pourrons apporter aux élèves des savoirs et des savoir-être.

 

La volonté semble bien présente mais tout cela est-il réalisable ? Il semblerait, comme nous y sommes habitués, que ces belles promesses se fassent à moyens constants ! 

 

Les DHG arrivent dans les établissements et force est de constater qu’elles ont peu ou pas augmenté ! Comment financer les mesures promises ? Comment restaurer l'autorité des professeurs ? Tout cela dans un contexte de désaffection de la profession d'enseignant qui n'attire plus. Le fait de repousser les épreuves des concours n'a pas permis d'attirer de nouveaux candidats.

 

Même si le ministère assure que 574 postes seront créés dans le 2nd degré en 2024 pour permettre la mise en place des nouvelles mesures, où allons-nous trouver les nouveaux enseignants ? Le « choc d'attractivité » n'a pas eu lieu et il faudra du temps pour former les nouveaux professeurs de lycée !

 

Alors quelles mesures concrètes pour le lycée ?

Pas question de revenir sur le contrôle continu ni sur la numérisation des copies et leur correction en ligne, comme le réclamait le SNCL.

 

En revanche, les correctifs académiques des notes de contrôle continu et aux épreuves terminales ainsi que les consignes académiques devraient enfin disparaître ! Le ministère nous assure que le « bidouillage » des notes par les soi-disant commissions d'harmonisation devrait prendre fin dès cette année ! 

 

Le SNCL attend de constater la réalité sur le terrain ... Cela serait enfin un signe de confiance envoyé aux enseignants et une marque de respect pour leur travail, que ce soit pour le contrôle continu ou pour les épreuves terminales. En effet les professeurs, par leurs compétences et leur expertise en matière d’évaluation, sont les mieux placés pour rendre compte du niveau réel des élèves.

 

Rappelons le scandale lié aux remontées artificielles des notes de spécialités affectées d'un coefficient 16 afin d'éviter que les notes réelles obtenues par les candidats ne fassent chuter les pourcentages de réussite au baccalauréat.

 

Les services rectoraux et les corps d'inspection vont-ils suivre ?

 

Le SNCL avait dénoncé cette pratique et s'était indigné du manque de respect que celle-ci démontrait.

 

Autre nouveauté : la mise en place d'une Prépa lycée pour les élèves qui n’ont pas le DNB : il s’agit d’un dispositif de préparation à la 2nde. Ces classes de prépa-lycée seraient positionnées dans les lycées avec des effectifs réduits. On peut s'interroger sur les moyens attribués qui vont permettre cette mise en place.

 

Les élèves qui n’auraient pas le DNB seraient donc inscrits dans la prépa lycée de leur établissement d’affectation. Des questions restent en suspens : quels enseignants pour y intervenir ? Avec quel programme ? Quels contenus enseignés avec quelles grilles horaires ? 

 

Le SNCL souhaite que le ministère ne laisse pas la main aux établissements et que l'encadrement de ce dispositif soit réel et identique sur tout le territoire. La nouvelle prépa lycée ne doit pas servir de variable d'ajustement en termes de postes et d'horaires.

 

A partir de la session 2026, il est prévu d'introduire une nouvelle épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique au baccalauréat en fin de 1re générale et technologique à l'image de l'épreuve anticipée de français. Cette nouvelle épreuve permettra de tester la capacité des élèves à comprendre les principaux objets mathématiques indispensables à tous, à résoudre des problèmes fondés sur des données et à construire un raisonnement logique.

 

Cette épreuve présentera des adaptations pour tenir compte du parcours des candidats (choix de la spécialité mathématiques ou suivi de l’enseignement scientifique et mathématiques) et visera à définir des attendus communs à tous les lycéens généraux ... 

Encore un important bouleversement pour nos collègues de mathématiques qui devront s'adapter à de nouveaux programmes et revoir la pédagogie des mathématiques au collège et au lycée.

Encore une fois la charge de travail des enseignants de lycée va s'alourdir : nouveaux programmes, nouvelles missions, adaptation, nouvelles exigences. Les heures supplémentaires risquent de se multiplier pour mener à bien ce « choc des savoirs » à un moment où l'Institution a bien du mal à recruter. 

Néanmoins le SNCL se félicite de la volonté affichée du ministère de restaurer l'autorité du professeur dans un contexte difficile de contestation permanente. Espérons que tout cela ne soit pas qu'un effet d'annonce.

 

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