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La Santé au travail dans l'Education Nationale

La Santé au travail dans l'Education Nationale - SNCL

Parce que notre santé est plus importante que leurs budgets, le SNCL FAEN s'engage et défend la santé des personnels de l'Education nationale...

 

La Santé au travail dans l’Education nationale :

 

Alors que les secteurs d’activité privés commencent à prendre en compte l’ampleur des problématiques liées à la santé au travail, la fonction publique une fois encore peine à être à la hauteur des besoins.

C’est un fait, la Santé des personnels dans l’Education nationale est fortement négligée, voire ignorée. Les difficultés à réunir des éléments statistiques probants sur le sujet laisse en outre à penser que le Ministère n’est pas prêt à se confronter à la vérité du problème. Sans doute paralysé par le coût à court terme d’une prise en compte adéquate, il oublie le surcoût à moyen et long termes engendré par cette situation de déni. Pour le SNCL-FAEN, il est désormais urgent de changer les mentalités et de ne plus se voiler la face.

 

Quelques chiffres

 

Même si les données franco-françaises sont rares, les études et recherches universitaires européennes, suisses, canadiennes, québécoises ou plus largement internationales ont permis, depuis les années 80, de dresser un tableau précis des troubles spécifiques des personnes exerçant dans le secteur de l’Education. Plusieurs enquêtes statistiques menées sur notre territoire entre 1995 et 2017 permettent également d’avancer quelques chiffres qui semblent se confirmer d’année en année.

Ainsi en France, on estime que 24 % des personnels de l’Education nationale se trouvent "en état de tension" au travail, et 14 % "en épuisement professionnel" (ou burn-out). Parmi ces derniers, la moitié (soit 7% de l’ensemble des travailleurs) souffrent en outre de tendances dépressives (enquête MGEN 2011).

Ces statistiques placent les personnels de l’Education nationale à peu près dans les moyennes constatées sur l’ensemble des corps de métier, excepté pour le facteur de dépressivité qui semble un peu plus marqué, tout comme les troubles du sommeil liés au stress. Toutefois, une étude similaire concentrée sur les seuls débuts de carrière des jeunes enseignants français voit ces chiffres s’envoler : en observant les enseignants au sortir des IUFM entre 2008 et 2012, elle a pu relever parmi eux un taux de dépressivité deux fois supérieur à la moyenne nationale.

D’autres faisceaux d’indices viennent conforter le sentiment que la situation s’aggrave actuellement rapidement : le taux de démission des enseignants a, par exemple, augmenté de 50% (ce qui est colossal) rien qu’entre 2012 et 2016. La plupart des concours ne parviennent plus à recruter à la hauteur des besoins. En outre, un nombre conséquent de suicides de personnels de l’éducation (sur lesquels le Ministère refuse toujours de diffuser la moindre statistique) qui ont été médiatisés ont pris des formes de plus en plus marquantes et violentes (mort par arme dans l’établissement, immolation sur le lieu de travail, défenestration…). En 2009, une veille citoyenne a pu recenser 60 cas de suicides directement imputables au travail dans l’Education nationale.

 

EDUCATION NATIONALE : facteur de risque aggravant…

 

Sans avoir besoin d’entrer dans les risques spécifiques à nos métiers, il est simple de relever un très grand nombre de dysfonctionnements dans nos quotidiens qui, s’ils sont tolérés et intégrés dans nos habitudes de service rendu au public, constitueraient une véritable indécence dans le secteur privé.

Le premier voyant d’alerte concerne les normes d’espace au travail : si on devait appliquer les normes en vigueur pour le travail en bureau, les salles de classe des enseignants devraient être en moyenne trois fois plus grandes ! Souvent avec des classes surchargées, enseignants et élèves passent ainsi l’essentiel de leur temps dans un espace confiné dangereux pour la santé sur le long terme : dégagement de CO2 et de polluants concentrés en trop grande quantité, poussières, stress et énervement liés à la promiscuité…

Les conditions de luminosité, d’acoustique et de ventilation de nos établissements ne sont d’ailleurs que très rarement évaluées, et pour cause : peu d’entre eux respecteraient les normes imposées dans le monde du travail et leur mise aux normes aurait un coût faramineux ! Du seul point de vue sonore, une ambiance de classe « calme » représente un niveau moyen de 65 décibels, soit déjà 10 de plus que ce qui est préconisé en travail de bureau. Alors que penser des classes plus « dynamiques », des récréations, des réfectoires, des bruits de couloirs réverbérés !

Pour ce qui concerne l’organisation de notre travail, le respect des temps de pause est peu évalué dans les écoles, ou chacun s’affaire à suivre son emploi du temps parfois conçu à l’opposé de toute logique humaine.

Il peut être bon de rappeler que, selon la définition établie par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1948, la « santé » n’est pas seulement l’absence de maladie, mais bien « le complet bien-être physique, mental et social » de l’individu, santé que tout employeur a la responsabilité de préserver et d’améliorer.

 

DES DANGERS ET DES PATHOLOGIES PLUS SPECIFIQUES

 

Comme de nombreuses activités de service, l’éducation souffre d’une moins bonne visibilité des risques encourus et des pathologies développées par ses personnels. Parce que les risques sont plus subtils, moins évidents, mais tout aussi dangereux, il est plus facile pour nos employeurs de les ignorer, et plus fréquents pour les malades de les minorer. C’est ainsi que, si on prend l’exemple des seuls enseignants, ces derniers font preuve d’un présentéisme supérieur à la moyenne des fonctionnaires, malgré un moins bon état de santé : ils sont donc plus nombreux à se rendre au travail alors que leur état ne devrait pas le permettre, et ce sont seulement les conséquences plus flagrantes de leur absence (une classe se retrouve sans prof) qui alimentent le fantasme du prof toujours absent.

Les personnels de l’Education nationale parviennent aussi à minorer l’impact de la dégradation de leur état de santé en recourant au temps partiel, au départ en retraite anticipé ou, pour les cas les plus extrêmes, à la démission. Cette situation est profondément injuste, puisque ce sont les employés qui finissent par se faire supporter les conséquences d’une négligence imputable à leur employeur. De plus, les récentes réformes des statuts et de l’organisation du travail au sein de notre Ministère réduisent de plus en plus pour les personnels la possibilité de se dégager des temps de pause, de concertation ou de mise en retrait afin de se préserver des pics de stress. Tout ceci n’est pas sans avoir un impact certain sur le bien-être de tous, y compris sur les élèves et la qualité de leur apprentissage.

Au sein d’une école, dans une journée normale, tout peut arriver, et les personnels doivent y faire face immédiatement : cette dimension d’inattendu, couplée à l’impossibilité de retrait immédiat, sont une des principales sources de stress. En deuxième position, on retrouve les injonctions contradictoires de la hiérarchie et la position inconfortable des personnels au centre d’attentes trop nombreuses (familles, élèves, collègues, rectorat) souvent divergentes. Ces éléments entrainent souvent une forme de résignation, ou enferment les collègues dans un jeu de rôles où ils s’épuisent à incarner un personnage superficiel qu’ils ne sont pas pour « faire face » ou « tenir bon ». Ce travail crée sur le long terme une dissonance émotionnelle propice au développement d’insomnies, de dérives médicamenteuses ou alcooliques.  

Enfin, les personnels de l’Education nationale sont évidemment parmi les premiers corps de métier exposés aux pathologies très spécifiques de la voix (enrouement, laryngite, aphonie temporaire, dégâts à long terme sur la phonation…) sans que le Ministère n’ait pour l’heure daigné prendre la mesure du problème et formuler des solutions pérennes en la matière.

 

LE SNCL-FAEN s’engage pour la santé au travail

 

Considérant que la dégradation des conditions de travail contribue à accroître fortement l’altération de l’état de santé des personnels enseignants, que si l'accord sur la santé et la sécurité au travail dans la Fonction publique du 20 novembre 2009 contient des évolutions de principe importantes, sa mise en œuvre est encore incomplète, et que l’absence de suivi médical dans nos métiers ne permet pas de faire de la médecine de prévention, notre syndicat formule les revendications suivantes en  matière de santé :

 

  • la reconnaissance de la pénibilité du métier,

 

  • le développement pour les personnels de l'Education nationale, d'une véritable médecine de prévention, adaptée à la spécificité de leur milieu professionnel, qui puisse disposer des moyens nécessaires afin d'améliorer concrètement la "prévention primaire" (recherche en matière d'épidémiologie liée aux conditions de travail et de prévention, formation initiale et continue des personnels en ce qui concerne les risques professionnels et les conditions d'exercice de la profession).

 

  • une prise en compte au titre d’accident de service de tout accident survenu sur le lieu de travail ou lors d’un déplacement en relation avec le travail,

 

  • L’application aux locaux des établissements scolaires des exigences en matière de protection en vigueur dans le monde du travail notamment en ce qui concerne l’utilisation de produits toxiques.

 

  • comme la loi française l’oblige pour tout salarié dépendant, notamment, du code du travail ou de la Fonction publique territoriale, un suivi médical annuel des personnels et pas seulement un bilan de santé aux personnels âgés de 50 ans, un dépistage et traitement précoces des problèmes de santé dès leur apparition. La carence alarmante constatée dans ce domaine aboutit à mettre de facto les élèves et les personnels en danger.

 

  • la transposition et l’application effective des dispositions du code du travail les concernant aux femmes enceintes et mères allaitantes,

 

  • la reconnaissance comme maladies professionnelles des pathologies psychiatriques liées au stress de l’exercice de la profession, aux pressions subies, voire au harcèlement ; ainsi que des dysphonies dans le cadre de pathologies organiques.

 

  • La prise en compte par les comités d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des risques psychosociaux (RPS) et des troubles musculo-squelettiques (TMS) incluant les conditions de travail, les conséquences sur la santé de l'organisation du travail et des droits nouveaux.

 

  • La publication, par l'administration, d'un bilan annuel et par académie du nombre de congés de longue maladie et de longue durée sollicités et attribués, des mises à la retraite pour invalidité annoncées ainsi que le nombre d’affectations sur des postes adaptés de courte et de longue durées ; le SNCL-FAEN demande également que soit levé le tabou entourant les suicides au sein de l’Education nationale, par la publication d’un bilan national ministériel public.

 

Et ce n’est pas tout ! Reconnaissance du handicap, postes adaptés, réinsertions positives, congés de mobilités… retrouvez l’ensemble de nos revendications ici :

 

http://www.sncl.fr/1/motion_medecine_de_prevention_et_postes_adaptes_1383753.html