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GRETA : Conseillers en Formation Continue (CFC)

GRETA : Conseillers en Formation Continue (CFC) - SNCL

UN PEU D'HISTOIRE : l’époque post- 68 marqua la volonté d’adapter le système éducatif aux évolutions de la société. Un débat sociopolitique prend racine dans l’Education nationale autour de la formation continue.

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Suite à la loi de 1971 relative à la formation professionnelle, le gouvernement Chaban-Delmas lui fixe 3 objectifs :

 

  • La promotion sociale,
  • L’accroissement de l’activité en direction des entreprises,
  • La formation continue, terreau d’une démarche de changement interne.

 

C’est dans ce contexte que de nouvelles fonctions apparaissent : les animateurs en formation continue (AFC). Les premiers sont recrutés en septembre 1971 afin de former les futurs intervenants pour adultes au sein des CIFFA[1].

 

La circulaire n° 73-261, signée par Raymond Vatier est le premier texte qui leur est consacré. Il précise leurs activités professionnelles : organisation, promotion et pédagogie. La circulaire n° 75-004 les identifie comme des conseillers techniques à forte coloration pédagogique.

 

Lorsque les GRETA sont créés en 1974, les AFC sont maintenus dans leurs missions et fonctions et ce n’est pas la nouvelle dénomination de Conseiller en Formation Continue (CFC) qui modifiera leurs activités. Le terme de conseiller a été préféré à animateur car ce dernier pouvait laisser croire que les AFC devaient réaliser eux-mêmes les actions de formation.

 

…Et depuis 1975, il y a les CFC

 

Selon Manoury (1976, op. cit.), l’activité des CFC, qui sont définis comme des « agents d’un système hiérarchisé et bureaucratique » (p. 65), est orientée d’abord « pour répondre aux contraintes formulées par le système qui ne semble concerner en fait que les tâches permettant de donner matérialité et formes administratives à ce système » (contacts avec l’appareil rectoral, formation continuée, animation réglementaire du GRETA, gestion et administration des conventions…).

 

Le reste des tâches (notamment la prospection, la conception et la réalisation d’actions avec les entreprises) relève, ensuite, pour une grande part de l’initiative propre des CFC, alors même qu’elles représentent la justification et la raison d’être du système » (ibid., p. 65).

 

D’après ce constat, « les blocages administratifs sont tels que beaucoup de CFC hésitent à entreprendre et à multiplier les contacts avec les entreprises, et préfèrent dès lors, s’en tenir au démon familier de la pédagogie en chambre ou aux délices de la paperasserie » (ibid., p. 67).

S’appuyant sur son investigation de l’académie de Lille, Dubus (op. cit., 1981) identifie les principales orientations de travail des CFC qui assurent l’existence du groupement (mise en place formelle des instances, développement des moyens matériels par recherche de financements liés au rayonnement externe du GRETA), qui agissent sur la structure fonctionnelle de l’institution (information puis élaboration d’une politique d’action concertée, restitution de fonctions à d’autres acteurs), et qui interviennent sur les déterminants du travail éducatif (sensibilisation et mise en place de formation pour les intervenants de l’Éducation nationale) (p. 30-32).[2]

 

On est loin (et encore maintenant) de la position de « marginal sécant », qui devait définir le positionnement des CFC au sein de l’institution. Marginal car déviant par rapport aux règles de l’organisation et sécant puisque acteur de l’action en lien avec d’autres systèmes externes.

 

Mais en réalité, les CFC sont placés devant une double contrainte : organiser le changement mais sans jamais créer de conflit. Or le conflit est la condition sine qua non pour négocier, réduire les écarts entre les parties prenantes (en interne essentiellement).

 

Les CFC sont donc dans une posture professionnelle schizophrène : quoi qu’ils fassent, on le leur reprochera à un moment ou à un autre. Si des conflits voient le jour, alors on précisera que le CFC n’avait certainement pas toutes les compétences requises pour exercer son métier.

 

Les conseillers, de moins en moins « conseillers »

 

Il aura fallu attendre 2005 pour que la DGESCO édite le référentiel d’activités des CFC. Ce document est à l’initiative du bureau de la formation continue et n’a jamais fait l’objet d’une parution officielle. Les activités sont déclinées autour de 4 pôles :

 

  • Ingénierie
  • Conseil
  • Mercatique
  • Conduite d’actions

 

La fusion importante de GRETA, l’instauration d’une nouvelle fonction de direction opérationnelle, les velléités de certains chefs d’établissement ou la conduite parfois autoritaire (fortement éloignées des volontés premières) des DAFCO[3]éloignent chaque jour un peu plus les CFC de leurs véritables missions.

 

Certains voudraient les voir comme des commerciaux purs et durs : il faut aller chercher des marchés (mais les mêmes oublient que la mise en œuvre est de leur responsabilité). D’autres envisagent des périodes d’astreinte, soi-disant pour la continuité du service public et sans chercher si cette notion est réglementaire ou non (elle ne l’est pas !). On voit parfois aussi certains CFC qui doivent remonter au DAFCO la quantité et qualité des entreprises visitées. Sans parler de congés…

 

Au fil du temps, la posture de facilitateur (le fameux marginal sécant) se dilue et les nouveaux CFC sont formatés dans un autre moule.

 

La fonction de conseiller en formation continue est certainement l’une des plus intéressantes qui existe dans l’Education nationale. Le ministère a toujours refusé de les reconnaître par un statut spécifique : ils sont rattachés à leur statut d’entrée dans la Fonction publique.

 

Peu de textes précisent leurs droits et devoirs. Seuls existent leur rattachement direct au recteur (et par délégation au DAFCO), l’impossibilité de décompter un temps de travail exact, l’impossibilité d’heures supplémentaires hors décision du recteur sur missions spécifiques.

 

Au cas où certains d’entre eux se poseraient la question, il n’existe aucun texte fixant le nombre de jours travaillés et les circulaires académiques n’ont aucune valeur face aux décrets nationaux.

 

« Placés auprès d’un GRETA, dont ils doivent assurer l’existence formelle, structurelle et matérielle, les CFC sont amenés à orienter massivement leur activité vers des tâches qui relèvent des contraintes internes.

 

Cette activité d’agent de changement, inscrite dans un contexte de travail qui assimile le conflit à un manquement professionnel, installe les conseillers en formation continue dans une situation professionnelle de type paradoxal équivalente à celle de la « double contrainte » décrite en psychiatrie comme un facteur schizogène[4] ».



[1] Centres Intégrés de Formation de Formateurs d’Adultes

[2] Recherche et Formation -Michel Dumas – 2006  – p.63

[3] Délégué Académique à la Formation COntinue

[4] Recherche et Formation -Michel Dumas – 2006  – p.66