De quels risques parle-t-on ?
On pourrait résumer la situation ainsi : à situation inédite, risques inédits. La plupart des agents de la fonction publique vont se retrouver, dans les jours qui viennent, à devoir prendre des décisions qui vont engager leur responsabilité. Ces décisions seront inévitablement criticables et attaquables, par les usagers du service public comme par d’autres agents. Elles se traduiront en justice par des plaintes d’ordre civil, et d’autres d’ordre pénal. Les enseignants ne seront pas épargnés, principalement par des attaques de parents (sur le plan pénal) ou de leur propre hiérarchie.
Que cherchera-t-on à reprocher à un enseignant ?
Pour les parents dont un enfant scolarisé sera contaminé par le covid-19 durant les semaines qui viennent, la tentation sera grande de chercher une indemnisation par voie judiciaire. Dans le contexte actuel, la voie civile sera probablement sans issue de par la loi d’urgence qui semble prête à couvrir la plupart des décideurs. A moins d’attaquer l’Etat ou le gouvernement lui-même, c’est donc plutôt le scénario d’une responsabilité pénale qui attirera les parents (s’ils sont bien conseillés par un avocat). Dans ce contexte, ils chercheront à démontrer la responsabilité personnelle de l’enseignant (en tant que personne et non en tant que fonctionnaire exécutant) dans la contamination de leur enfant.
Pour la hiérarchie, il est probable que la plupart des dossiers concerneront des collègues qui auront refusé d’appliquer les consignes ou d’assurer des missions.
Enfin, d’autres procédures concerneront aussi les collègues qui auront usé de leur droit de retrait. Pour eux, la justice devra déterminer si cet usage était justifié ou non.
Comment limiter les risques de poursuite à notre encontre ?
La première chose à savoir est qu’un agent, fonctionnaire ou contractuel, au service de l’Etat a une obligation de moyen, et non de résultats. Pour un enseignant, celui-ci est tenu d’appliquer le protocole sanitaire qu’on lui a confié. Il n’est pas de sa responsabilité que ce plan soit utile ou intelligent. La meilleure façon de se protéger de l’essentiel des poursuites possibles consiste donc pour lui à appliquer les consignes reçues, et à conserver des preuves de cette application. Conservez des copies des plans d’hygiène, protocoles et autres mails de directives reçus. Prenez des photos des classes dans lesquels vous intervenez, des photos de vous équipé.e et protégé.e, etc.
Puis-je faire valoir mon droit de retrait et comment ?
Pourquoi certains disent que le covid-19 ne justifie pas un droit de retrait ?
La responsabilité des enseignants peut-elle évoluer sur le plan civil ?
Oui, sur ce domaine rien n’est encore fixé, principalement à cause de la loi d’urgence en cours d’examen entre le Sénat et l’Assemblée nationale. Une bataille politique est actuellement engagée entre le gouvernement et les représentants des assemblées (y compris certains de son propre parti) sur certains amendements qui pourraient tout changer en matière de responsabilité des maires, des employeurs, des préfets et de tous les fonctionnaires, y compris les enseignants. En fonction de la version finale du texte qui sera effectivement voté, la voie de recours civil sera plus ou moins ouverte aux plaignants. Les enseignants, comme tous les agents, seront donc plus ou moins exposés à des poursuites sur ce plan. Le SNCL vous tiendra informé jour par jour sur ce point. Abonnez-vous à nos réseaux sociaux pour ne rien manquer.