Entre un calendrier de fermetures de filières d’une très grande brutalité et les reconversions forcées, le mépris pour les PLP du président et de son ministre Pap Ndiaye ne fait plus aucun doute.
Il est d’autant plus cruel que, il y a quelques mois, en pleine contestation de la réforme des retraites, les services ministériels avaient annoncé aux organisations syndicales faire machine arrière sur le projet de réforme de la voie pro : c’est donc le président de la République seul qui décide maintenant, contre toute attente et à rebours de la volonté de la totalité des acteurs des filières, de reprendre le version dure du projet.
À l’encontre des besoins exprimés lors des fortes mobilisations de cet automne, ce projet comporte de nombreuses mesures orientées vers l’insertion professionnelle au détriment de mesures scolaires. Le SNCL refuse cette vision qui réduit l'enseignement sous statut scolaire à la seule employabilité immédiate de ses élèves. Les élèves de lycée professionnel ont droit, comme tous les autres, à un enseignement disciplinaire de qualité leur permettant de devenir des citoyens éclairés, et pas seulement de futurs employés profilés selon les desideratas des entreprises locales.
Il est à noter également que l’augmentation des périodes de stage sur le papier n’est pas une garantie, in fine, que tous les élèves pourront réellement trouver à être accueillis de façon profitable pour eux par des structures sur l’ensemble de ces semaines supplémentaires. On peut même largement en douter au vu des difficultés déjà rencontrées à l’heure actuelle !
La gratification financière dérisoire accordée par le président de la République aux élèves pour chaque semaine de stage n’est qu’une manœuvre médiatique, visant à redorer à peu de frais une image publique incroyablement dégradée dans l’opinion. Rappelons que les sommes avancées sont toutes inférieures au tiers du « coût » journalier d’un accueil d’élève en voie professionnelle en France en 2023. L’exécutif prétend donner, alors qu’il s’apprête au contraire à réaliser de juteuses économies !
Le ministère a également révélé les modalités du « pacte » adapté aux enseignants de LP :
- à travers ce pacte, qui s’appuie sur une logique d’annualisation du service, c’est le statut des PLP et de tous les professeurs qui est remis en cause.
- les PLP deviendront des accompagnants, des acteurs de l’insertion professionnelle au même titre que les personnels de Pôle emploi.
- c’est un surcroit de travail énorme en grande partie non quantifié car constitué de 6 briques sur 8 non sécables. Comme si nous n’avions pas déjà assez de travail !
- c’est le renoncement à l’esprit collégial des équipes éducatives au profit du chacun pour soi, les chefs d’établissements auront plus de moyens de pression sur les enseignants qui seront mis en concurrence et ne seront plus protégés par le collectif.
Ce pacte est la cheville ouvrière de la réforme de la voie professionnelle. Chaque enseignant qui le signera deviendra le maillon d’une réforme contestée par toutes et tous, précipitant la destruction du lycée professionnel.
Alors que les PLP et plus généralement l’ensemble des enseignants du second comme du premier degrés demandent des revalorisations de traitement pour compenser l’inflation et le déclassement des rémunérations, le ministère concède quelques miettes avec la revalorisation socle dont le niveau moyen d’augmentation sera de 5,4% bien loin des 10% promis. Le pacte enseignant n’est quant à lui pas une revalorisation, mais bien le salaire normalement dû puisqu’il s’agira de rémunérer des tâches supplémentaires. Enfin, summum de la malhonnêteté, ces soi-disant « revalorisations » ne sont que des primes, et ne permettent donc pas d’acquérir de droits à pension !
Dès cet automne, les personnels de lycées professionnels ont dans leur grande majorité exprimé le rejet de la casse de l’enseignement professionnel. Ils se sont également fortement mobilisés pour s’opposer à la « contre-réforme » des retraites. Le gouvernement agit en rouleau compresseur, détruit nos acquis sociaux et détériore nos conditions de travail. Nous devons continuer à lutter sur les différents fronts pour contrer ces attaques !
Le SNCL s’est déjà mobilisé lors de la journée du 31 mai dernier en participant à des rassemblements devant les rectorats : mais il faut encore amplifier le mouvement et informer au maximum collègues, familles et élèves.
Le SNCL appelle à réagir par la grève le 6 juin, avec blocage des rectorats dès le matin pour rendre visible notre opposition à ce projet de réforme, puis en rejoignant les cortèges généraux d’opposition à la réforme des retraites !