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« Choc des savoirs » et DHG : un manque insupportable de moyens

« Choc des savoirs » et DHG : un manque insupportable de moyens - SNCL

Le SNCL déplore l’absence totale de moyens supplémentaires dédiés aux futurs groupes de niveaux, qui sont ainsi vidés de leur sens, et demande un moratoire d'un an pour cette réforme. Notre analyse dans ce communiqué de presse. 

 

Le SNCL avait salué les annonces de Gabriel Attal, dévoilant un « Choc des savoirs » et notamment la création de groupes de niveaux dans les collèges en français et mathématiques. Notre syndicat, qui fut la cheville ouvrière de la création des collèges en France, a démontré depuis des décennies les effets néfastes du collège unique et comment seul un enseignement différencié permettra à chaque élève, quel que soit son niveau, d’atteindre le maximum de ses capacités, à condition qu’un tel dispositif soit mis en place avec intelligence et souplesse.  

Le SNCL constate hélas avec effarement l’absence totale de moyens supplémentaires dédiés à ces futurs groupes de niveaux, ce qui rend leur mise en place presque impossible, met largement en péril leur efficacité et va affecter durement de nombreux autres dispositifs pédagogiques essentiels.

Les dotations horaires globales qui viennent de parvenir aux établissements confirment qu’il faudra en général composer avec des moyens constants, ce qui implique notamment :

  • Le sacrifice de l’heure de soutien en 6ème en mathématiques et français, pourtant mise en place à la rentrée 2023 et déjà supprimée sans avoir pu faire ses preuves.
  • La récupération d’heures sur d’autres disciplines : suppression des demi-groupes en science (SVT et Physique-Chimie) ou en langues, suppression des heures marges et des heures d’autonomie, pression sur les langues anciennes, suppression de la technologie, chantage aux heures supplémentaires… tout et n’importe quoi devient soudain possible pour abonder les groupes de niveaux ! En l’état des textes, la baisse de l’horaire hebdomadaire impliquée par ces manipulations n’est d’ailleurs pas réglementaire, faute de nouveau décret.

Par ailleurs, d’après les directives rectorales, les groupes des élèves les plus en réussite devraient être constitués de 26 à 30 élèves. Ces groupes correspondent donc à des effectifs de classe entière – qui plus est élevés – qui ne permettent pas un suivi personnalisé, ce qui pourtant est nécessaire pour tirer aussi le meilleur des élèves à plus fort potentiel.

Le SNCL attire enfin l’attention sur la difficile mise en place de ces groupes de niveaux dans les collèges de taille modeste, notamment en secteur rural, où il est fréquent de n’avoir que deux professeurs de français et de mathématique. Dès lors, la mise en place de trois groupes de niveaux différents apparait très difficile – sinon impossible – sans renfort de personnel, et pose même des questions d’espace et de logistique. Impossible d’aligner les groupes ou de mettre en place des effectifs réduits, même pour les élèves les plus en difficulté, ce qui retire tout l’intérêt du dispositif.

Dans ces conditions, le SNCL comprend la colère des équipes pédagogiques, auxquelles on demande toujours plus, sans leur donner les moyens de ces ambitions. Nous demandons un moratoire d’un an sur la réforme, afin de préparer la mise en place des groupes de niveaux dans de bonnes conditions avec les moyens humains et un budget augmenté en conséquence dès la rentrée 2025-2026. 

Les groupes de niveaux ne peuvent apporter des résultats significatifs que s’ils s’accompagnent d’un suivi pédagogique fin et d’une porosité des groupes, avec une évaluation au moins trimestrielle des progrès des élèves et une réaffectation possible d’un groupe à l’autre en cours d’année. Tout ceci représente un défi organisationnel, du travail supplémentaire pour les professeurs, et appelle donc des moyens supplémentaires considérables pour l’organiser et le rémunérer. Le rehaussement des résultats des élèves français est néanmoins à ce prix. 

Enfin, le SNCL rappelle à cette occasion qu’il considère toujours que la revalorisation des personnels s’est arrêtée à mi-chemin et doit maintenant atteindre les collègues de milieu et fin de carrière : le PACTE, qui devient déjà un dispositif boiteux, ne saurait être la solution. La mise en place des groupes de niveaux ne saurait fonctionner sans l’assentiment des équipes. Et celui-ci ne pourra pas être obtenu sans une reconsidération préalable et notable, y compris financière, de nos métiers tout au long de la carrière.